Mardi 2 Décembre 2008: the beginning

Il est 15h20 et cela doit faire à peu près 4 heures et 50 minutes que je suis assise à cette petite table du Starbucks Coffee de Saint Lazare. Mon godet de café est depuis bien longtemps vide mais je le laisse trôner sur la table pour donner cette impression que je suis ici pour quelque chose et non car je suis une fille totalement paumée.

Je regarde les minutes défilées. De temps à autres je jette un oeil dans la rue de la Pépinière, voir ces gens qui courent après leur vie bien remplie. Je commence à être sérieusement glacées. Et oui il a fallu que je saute sur une table collée à une baie vitrée. Et ça doit bien faire 2heures que j'ai envie d'évacuer ce putain de café à 5,10e. Mais je bien trop angoissée pour traverser la salle bondée de monde jusqu'au wc. Alors je reste là à gesticuler sur ma pauvre chaise avec comme seul réconfort ce couple  qui se câline juste devant moi. Histoire de me foutre encore un peu plus le cafard. Et comme si cela ne suffisait pas derrière je me colle deux connes qui jacassent comme des poules, super fort pour que tout le starbucks se rend compte qu'elles existent, à propos de RnB et de rouge à lèvre. J'ai une sérieuse envie meurtrière là!

Bref voilà le merveilleux et palpitant résumé de mon mardi après-midi toute seule comme une tâche à observer les bandes d'amis aller et venir. J'ai eu le temps de dévorer Teen Spirit de Virginie Despentes. Au cours de ces quelques pages, je me suis sentie moins seule dans la catégorie "personnes complètement larguées et pathétiques". Pour me remonter le moral, mon téléphone n'a pas arrêté de sonner. Mon père qui a sûrement découvert que je n'étais pas en cours et qui me harcèle de coup de téléphone pour m'engueuler un petit coup. Aussi dans la même foulée, je reçois un sms de mon prof principal. Il est marrant, il m'envoie exactement le même message qu'hier, à savoir "Qu'est ce qu'il se passe?".

Ça m'exaspère!!! Il le sait très bien ce qu'il se passe puisque je me suis efforcée de lui expliquer mais il n'en a pas compris un mot. C'est tellement simple de reléguer mes soucis familiaux et mon trouble au second plan, en certifiant que si je tiens bon, cela s'arrangera. Quand je lui ai parlé, cette après-midi là dans un petit café du 19ème, je sentais bien dans son regard qu'il ne me prenait pas au sérieux. C'est bien simple jusqu'à présent personne ne m'a prise au sérieux. Tiens je peux citer cette connasse et pseudo assistante sociale du lycée (je dis pseudo car son diplôme elle a du l'avoir dans un kinder surprise) qui me sort, après m'avoir laissée me ridiculiser en comptant mes petits malheurs, que je ne devrais pas en faire tout un flan, que je ne suis pas si mal que ça, qu'il fallait que je pense aux pauvres petits enfants qui crèvent la dalle dans le monde avant de me lâcher en pleine face que si je voulais tout foutre en l'air bah que je le fasse mais maintenant, ça serait trop bête d'attendre encore. Elle sait trouver le mots qui sauvent, elle! Pas la peine de préciser que je suis ressortie de son bureau plus mal qu'avant y avoir mis les pieds. Bref à croire que ça fait jouir les gens de faire exprès de ne rien vouloir comprendre.

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Je me présente, je m'appelle Ed, j'ai à ce jour 22 ans et je souffre du trouble de la personnalité limite, la personnalité Borderline